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Philo Mermoz TES 1-2 et 3
29 avril 2018

III] Réflexion sur la morale: 1. La morale kantienne. a) L'opposition entre la raison et le bonheur

III] La morale

 

1) REFLEXION SUR LE DEVOIR : LA MORALE KANTIENNE

 

kant

 

a-    La misologie et la critique de l’eudémonisme: Raison contre bonheur

 

Kant fait le lien entre toutes les sagesses antiques et montre qu'elles sont toutes des déclinaisons de la même thèse qui a pour dénominateur commun le lien indéfectible entre la raison et le bonheur. Epicure nous explique que pour être heureux il faut désirer raisonnablement : faire le tri entre les désirs et ne retenir que ceux qui sont nécessaires au bonheur. Epictète affirme que pour être heureux il faut être raisonnable : ne pas se laisser emporter par ses désirs mais seulement pratiquer sa vertu, développer sa raison. Enfin, Platon affirme que pour être heureux il faut être raisonnable : la raison doit maitriser les désirs pour mieux se réaliser, s’épanouir. Donc tous ces auteurs ont en commun cette thèse : la raison a pour but de nous rendre heureux. Or, c'est précisément cette affirmation que Kant va remettre en question.

 1e étape : Kant va démontrer qu’il n’y a aucun rapport possible entre la raison et le bonheur puisque le bonheur est un idéal de l’imagination.

2e étape : Kant va démontrer que si on compte sur la raison pour être heureux alors on sera nécessairement déçu et on finira par haïr la raison : misologie

 

-  Le bonheur comme idéal de l’imagination

 kant_bonheur_imagination

 

Kant_bonheur_ideal_imagination

 

 

 

Kant nous explique que le bonheur ne peut pas être un idéal, car dans ce mot il y a le terme idée (quelque chose que l’on pense, que l’on conçoit) le bonheur est avant tout une expérience, quelque chose que l’on ressent. En clair, le bonheur n’est pas abstrait mais il est de l’ordre des sentiments. Plus précisément, le bonheur n’est pas affaire de raison mais de sensation.

De ce point de vue, ce sont les expériences vécues et réelles qui déterminent à chaque instant si on est heureux, voilà pourquoi on ne peut pas parler du bonheur en général parce que cela voudrait dire qu’on a déjà tout vécu, fait toutes les expériences, or c’est impossible: on ne peut pas tout vivre et surtout cette idée qu’on se fait du bonheur est pleine d’incohérences, c'est-à-dire illogique et donc irrationnelle. Par exemple je pense que pour être heureux il faut que je sois riche, or la quête de la richesse peut me rendre malheureux. Je pense que pour être heureux je dois développer ma raison, mes connaissances. Mais peut être que savoir va me rendre encore plus conscient de ma misère etc.

En outre, on ne sait pas ce qu’il faut faire exactement pour être heureux, il n'y a pas de loi universelle et nécessaire, pas de principes absolus à suivre mais seulement des petites recettes qui marchent dans certains cas et pas dans d'autres.

Donc, on n'a pas une idée précise et exacte de ce qu’est le bonheur: On en rêve, on le fantasme, on l'imagine mais on ne sait pas clairement ce que c'est et c’est la preuve pour Kant que le bonheur n’est pas un idéal de la raison mais plutôt de l’imagination.

 

 - La misologie (Haine de la raison)

Donc le bonheur n’est pas un concept rationnel, c’est  juste un fantasme. Kant va préciser ce chiasme entre la raison et le bonheur en démontrant que, non seulement, le bonheur n'est pas affaire de raison, mais surtout, plus on suit sa raison moins on a de chance d'être heureux. Voilà pourquoi, ceux qui, tel Faust, comptent sur la raison pour arriver au bonheur, seront déçus et vont finalement haïr la raison, et cette haine de la raison c’est la misologie.

 

 

Faust est un mythe sur la connaissance, c’est l’homme assoiffe de savoir, celui qui veut avoir une connaissance totale du monde, développer sa raison au plus haut point. Mais, devenu vieux et faible, il prend conscience qu'il a gâché les plus belles années de sa vie, qu'aucune connaissance ne peut compenser ce qu'il a perdu. Il est tenté par le suicide  et c'est à ce moment que le diable lui propose un pacte: en échange de son âme, lui donner la jeunesse éternelle et lui faire vivre une vie de débauches et de plaisirs. Le diable se jure, en fait, de perdre Faust, de le réduire à son animalité, de lui faire perdre toute son individualité.

 

Autrement dit, la raison ne nous rend pas heureux et elle nous fait même passer à côté de la vie. 

 

Les arguments de Kant

Plus on cultive sa raison plus on s’éloigne du bonheur.

1e argument : Cultiver la raison demande énormément d’effort, d’énergie et de sacrifices pour au final gouter un minimum de satisfaction. En revanche, ceux qui se contentent de suivre leurs instincts, qui ne se posent jamais de question, sont pleinement heureux.

2e argument : La raison multiplie les besoins. Plus on développe sa raison, plus on devient exigeant et moins on peut  trouver de satisfaction dans les plaisirs bas ou vulgaires. 

3e argument : En fait, celui qui développe sa raison pour être heureux, n’a rien compris à ce qu'était la raison. Le bonheur est quelque chose d’humain, de simplement naturel. Donc chercher à être heureux c’est quelque chose de trop bas pour la raison. La raison a une destination supérieure : la dignité morale. La raison doit aider l'homme à prendre conscience de sa valeur, à savoir ce que c'est qu'être homme, pour agir en homme. En un mot, la raison doit permettre à l'homme de prendre conscience de sa valeur infinie, elle doit le rendre digne.

citation-emmanuel-kant-11027

CSQ: On comprend donc que le but de la raison, c’est la morale. Or le problème c’est que ce terme de morale prête a confusion et donc avant de nous expliquer ce qu'elle est, Kant va critiquer les mauvaises manières de la concevoir

        

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